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Environnement et développement équitable

Sacs!

L’utilisateur-payeur

Vous pensez que les sacs qui vous sont remis à la caisse sont gratuits? Détrompez-vous. Si l’on ne vous les fait pas payer au comptoir, c’est parce que leur coût est intégré au prix de ce que vous venez d’acheter. C’est aussi parce que nous en assumons les frais collectivement, avec nos taxes et nos impôts. Les coûts qui seront engendrés pour «dépolluer» le sol, les lacs, les rivières et la mer méritent aussi d’être considérés lorsque nous qualifions les sacs de «gratuits». De même que l’ensemble des coûts environnementaux générés tout au long du cycle de vie des sacs à usage unique.

Il est grand temps d’internaliser tous ces coûts cachés — y compris environnementaux — en faisant en sorte que les consommateurs en assument l’intégralité. Cela signifie faire payer les sacs en plastique à la caisse, ou mieux encore, les bannir comme le font certains magasins, certaines municipalités et même certains pays comme la Chine et le Bangladesh.

La ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec, Line Beauchamp, dit vouloir éviter les mesures coercitives et privilégier la bonne volonté des citoyens comme celle des entreprises. Les expériences d’autres pays montrent que les mesures volontaires ont un impact négligeable comparativement à l’imposition de lois et d’écotaxes.

S’inspirer de l’Irlande

En 2002, le gouvernement irlandais a imposé une taxe écologique équivalant à 23 cents sur chaque sac à usage unique distribué aux comptoirs-caisses des magasins. Depuis sa mise en place, cette taxe écologique a permis de réduire de plus de 90 % la présence de sacs en plastique dans les sites d’enfouissement. Elle a aussi permis de générer l’équivalent de 127 millions de dollars canadiens en revenu pour l’état (80 millions d’euros). Ainsi, les Irlandais ont fait un gain à la fois écologique et économique. Lors d’un sondage effectué en 2003, 91 % d’entre eux trouvaient que cette taxe était une bonne idée. Pourtant, avant son imposition, 40 % de la population était contre une telle mesure. Un an plus tard, la majorité des personnes avait donc changé d’opinion.

C’est dire qu’au-delà des sondages, les gouvernements doivent avoir l’audace de mettre en place des mesures concrètes qui permettent de faire une vraie différence. Mme Beauchamp, je vous invite à être visionnaire. Les Québécois et les Québécoises ont l’habitude de payer pour les biens qu’ils rapportent des magasins. Il devrait en être de même pour les sacs à usage unique, surtout lorsqu’on considère leur coût environnemental.